Table ronde au festival d’histoire de l’art 5 juin à 14h organisée par l’AHA
“L’architecte, caricaturiste caricaturé : Identité, (auto)dérision et confraternité”
Table-ronde au Festival d’histoire de l’art, Fontainebleau
Mines ParisTech, 35, rue St Honoré, Fontainebleau
Grand Amphithéâtre, bât. B
5 juin 2016, 14h-15h30.
Intervenants :
Guy Lambert, maître de conférences, ENSA Paris-Belleville, IPRAUS, UMR AUSser (responsable).
Isabelle Conte, doctorante, EPHE, chargée de cours, École du Louvre
Caroline Maniaque, professeur HDR, ENSA Normandie, IPRAUS, UMR AUSser.
Cette table-ronde est organisée par l’Association d’histoire de l’architecture (AHA). Elle préfigure le lancement d’un appel à contributions pour un numéro thématique de la nouvelle revue à comité de lecture que lance l’AHA et qui paraitra sous forme électronique à partir du printemps 2017.
L’accroissement des travaux sur la réception de l’architecture et sur sa médiatisation permet aujourd’hui de constater la place qu’y tiennent la caricature et la satire. Moins étudiées sans doute que celles visant la figure de l’artiste et la pratique artistique, les railleries touchant l’architecture et les architectes s’en distinguent à plusieurs titres, tenant notamment à la place de leurs cibles dans l’espace public et à leurs modes de production.
Si les architectes sont « victimes » de cet humour diffusé par la presse, allant de la simple plaisanterie jusqu’au dénigrement – indice de la manière dont leur figure professionnelle peut être perçue par l’opinion publique –, ils manient eux-mêmes avec plaisir la satire et la caricature, qui semblent de fait profondément ancrées dans leur propre culture artistique et professionnelle. En confrontant plusieurs expressions de cette pratique, cette table-ronde vise à en examiner les formes et les modalités, les enjeux et les significations.
Témoignage d’une sociabilité confraternelle, cette culture de la dérision et du rire partagés apparaît chez les architectes dès le XIXe siècle comme le moteur d’une connivence professionnelle voire corporative. Les racines s’en observent dès la période d’apprentissage scolaire, comme en témoignent tout particulièrement les traditions de l’École des beaux-arts ou la vie à l’Académie de France à Rome. À travers le portrait de confrères ou de camarades – personnalités renommées ou simples amis –, comme plus largement au filtre de représentations plus indéfinies des épisodes de la vie professionnelle, se dessinent les expressions d’une identité de l’architecte, vouées à rester d’ordre strictement amical et privé ou au contraire appelées à une plus large médiatisation. Relevant de ce dernier aspect, la formulation de postures doctrinales ou théoriques recourt à cette culture, dont elle illustre un autre versant en usant de l’humour, de la caricature et de la raillerie comme d’une arme rhétorique à valeur polémique, ce qu’illustrent les acteurs de l’avant-garde et plus tard ceux de la contre-culture.
Opérant par le texte comme par le visuel, par le dessin ou par le détournement d’images imprimées, ces expressions entremêlent volontiers culture savante et culture populaire, se plaisant parfois à brouiller les frontières entre ces dernières. Production assurément créatrice, dans quelle mesure cette pratique artistique née en marge des activités professionnelles de l’architecte ne contribue-t-elle pas à bouleverser progressivement le champ d’action de ce dernier ?