Le Festival de l’histoire, 11e édition
La 11e édition du Festival de l’histoire de l’art à Fontainebleau aura lieu les vendredi 3, samedi 4 et dimanche 5 juin 2022 avec le Portugal comme pays invité. Le thème fédérateur choisi cette année est l’animal. Chercheurs, conservateurs, artistes, professionnels du monde de l’art, éditeurs, étudiants, venant de France, du Portugal et d’ailleurs, seront au rendez-vous avec le public pour partager leurs savoirs sur les arts, retracer l’histoire des images et des objets et en révéler les significations, transmettre leur passion et leur métier.
Comme chaque année depuis 2011, le Festival propose conférences, tables rondes, dialogues et débats, séances autour de l’actualité du patrimoine, projections de films au sein de la Section cinéma, ateliers, animations et visites, le concours « Ma thèse en 180 secondes » et le Salon du livre et de la revue d’art.
La programmation se veut accessible et exigeante à la fois, destinée au grand public, en offrant des présentations sous des formats variés tout en favorisant des parcours thématiques. Le Festival s’adresse également aux professionnels de l’histoire de l’art et des métiers de l’art au travers des rencontres professionnelles ainsi qu’aux enseignants du secondaire par l’intermédiaire de l’Université de Printemps.
L’animal, thème annuel
« Chaque fois qu’on regarde un animal avec attention, on a le sentiment qu’un homme y est caché et qu’il se paie notre tête »
Elias Canetti, Le territoire de l’homme, réflexions 1942-1972, 1978.
Le présent appel à communication pour le thème de l’animal est destiné à des chercheurs, français et étrangers, de préférence francophones, d’un niveau post-doctorat ou équivalent (universitaires, conservateurs du patrimoine, restaurateurs, critiques d’art, chercheurs indépendants, commissaires indépendants, artistes…).
Retracer la genèse de la présence animale dans l’art implique, toujours, de s’aventurer sur les sentiers incertains des origines de l’art. Si ce moment originel est sans nul doute bien plus complexe que l’on ne l’avait imaginé jusque-là, il reste que les grands témoignages de l’art préhistorique en France – la grotte de Lascaux ou la grotte Chauvet pour citer les plus connus ou encore le site même de la forêt de Fontainebleau – et à l’étranger – le site de la vallée de Côa au Portugal ou la grotte de Bulu Sipong 4 en Indonésie – attestent de la plus haute ancienneté du sujet ou motif animal dans l’histoire de l’art.
L’animal est un élément consubstantiel à l’art. Sa présence est à la fois continue et multiple, à l’image de la place fondamentale qu’il occupe dans l’imaginaire culturel des civilisations passées et actuelles. Les grands systèmes de croyance – religions et mythologies – en sont les premiers pourvoyeurs, peuplant d’animaux les plus divers, tout à la fois redoutés et vénérés, l’univers symbolique des femmes et des hommes. Songeons au zodiaque astrologique – littéralement « cercle des petits animaux » – hérité des anciennes civilisations mésopotamiennes, à l’idole du Veau d’or dans les trois monothéismes qui n’est pas sans rappeler celle du taureau Apis dans l’immense répertoire de divinités animales mis au point par l’Egypte ancienne. La liste pourrait être prolongée à l’infini selon que l’on s’oriente en direction de la civilisation germanique, de l’hindouisme, du taoïsme, des civilisations précolombiennes, mais aussi d’Afrique et d’Océanie. Autant de systèmes de croyances qui n’ont eu de cesse de nourrir l’imaginaire des artistes.
Admiré, adoré, idolâtré voire déifié ; craint, pisté, traqué, chassé, sacrifié, consommé ; domestiqué, élevé, dressé ; observé, étudié, classé, catalogué, collectionné et représenté ; aimé, libéré, protégé. L’Animal – et sa figuration artistique – est l’objet de statuts variés, souvent contradictoires et paradoxaux, parce que loin d’être le reflet du vécu des « bêtes ». L’histoire animale telle qu’on la conçoit est principalement une histoire façonnée par l’humanité, avant tout fidèle à ses pensées, ses opinions, ses aspirations, sa vision de l’ordre et du règne de la nature. En somme, partout où l’animal loge, évolue, se montre autant qu’il se cache, l’humain – l’artiste – n’est jamais loin, prêt à en analyser les faits, gestes et habitudes, moins pour comprendre la spécificité du règne animal qu’à la manière d’un exercice de projection sur sa propre nature, son devenir et sa place au cœur du monde.
L’histoire artistique des animaux apparaît donc comme une histoire essentiellement façonnée par l’humanité, où le devenir des bêtes sert avant tout à chanter les louanges du génie humain. Néanmoins, l’époque contemporaine, sous l’impulsion notamment des animal studies qui ont pris leur essor à partir des années 1970, invite à repenser, par nombre d’aspects – l’éthologie notamment – et selon des approches interdisciplinaires dont l’histoire de l’art est partie prenante, la question de la place et de la condition animales dans la grande histoire du monde.
Les processus d’anthropomorphisation de l’animal et d’animalisation de l’être humain permettaient jadis d’ériger une frontière claire et rassurante entre les règnes ; une frontière que les artistes de la scène contemporaine ne cessent aujourd’hui d’interroger et de mettre à mal pour mieux comprendre le vivant et retrouver la singularité du règne animal. La situation d’extrême urgence dans laquelle se trouve aujourd’hui l’ensemble de la biosphère, les graves menaces d’extinction qui pèsent sur quantités d’espèces, les conséquences dramatiques des pratiques de l’élevage intensif et de la maltraitance, à la lumière d’une conscience toujours plus aigüe de l’intelligence, de la sensibilité et du bien-être animal, invitent à comprendre, à prendre position, à passer à l’action.
Ce tournant historique n’est pas sans incidence pour les artistes dont les créations, lorsqu’elles prennent l’animal comme sujet ou objet, posent plus que jamais la question de la réception des œuvres, de leur légitimité, de leur nécessité et de leur efficacité. Avec ce changement de paradigme dont les contours restent encore à définir, l’histoire de l’art est appelée à jouer un rôle majeur en démontrant toute l’étendue des réflexions et la variété des outils qu’elle peut mettre en œuvre pour la compréhension historique des représentations passées et contemporaines de l’animal.
Orientations
Plutôt que de déployer une approche illustrative ou strictement iconographique de la thématique animale dans l’art, les propositions de communication pour le Festival développeront des approches et des réflexions sur les relations du règne animal avec le règne humain, selon des approches méthodologiques et théoriques diverses, à une échelle géographique plus ou moins large.
Les interventions viendront s’inscrire dans plusieurs grands thèmes fédérateurs, susceptibles de rendre compte de la multiplicité des spécificités historiques, des usages et des fonctions, des contextes et des modalités d’approche relatives au thème de l’animal dans les arts visuels.
ANIMALITÉ
Affects et sentiments ; violence et brutalité ; sexualité et comportement débridé ; état sauvage ; l’animal et la bête ; le corps animal ; le devenir-animal et la ré-humanisation par l’animal ; thérianthropie et zooanthropie ; portraits de l’animal.
DISCOURS
Ethique animale ; droit animalier ; humanisme animal ; éthologie ; bien-être et liberté animales ; la langue et le langage des animaux ; liberté animale.
ESPACES
Territoires sauvages ; zones de conflits et de cohabitation ; mouvements et migrations ; mondes marin et aquatique, terrestre et aérien ; la faune ; espaces de captivité (réserves et zoos, aquariums, fermes) ; domesticité.
ESPÈCES
Hiérarchie des espèces ; théories de l’évolution ; naturalisme et histoire naturelle ; collectionnisme, conservation et exposition ; inventaire ; classification et étude ; nuisibles, parasites et « petites bêtes » ; bêtes ou animaux ; archéozoologie.
MATIÈRES
Bestiaire et nature morte ; taxidermie ; matières animales (ivoire, cuir, plumes, dents, poils laine soie, fourrures et peaux, plumes) ; la parure.
MIROIR
L’animal comme double, miroir, reflet et exemplum de l’humanité ; caricatures et satires ; les mondes de la fable, d’Esope à La Fontaine ; l’animal-artiste.
PRATIQUES
La chasse ; les rites et jeux impliquant des animaux ; les expérimentations sur l’animal.
SYMBOLE
La figure de l’animal dans les religions et les systèmes mythologiques ; les monstres, chimères, hybrides et créatures fantastiques ; héraldique et emblématique ; symbolique et symbolisme de l’animal (psychanalyse, etc.) ; l’animal dans l’astrologie, l’alchimie et la médecine.
Modalités des interventions
Les interventions du Festival de l’histoire de l’art adoptent des formats variés, avec une priorité donnée à des interventions traduisant la recherche en histoire de l’art sous une forme vivante et destinée à un large public.
- Conférence : 1 participant, entre 20 ou 30 minutes maximum
- Dialogue : 2 participants, entre 40 et 50 minutes maximum
- Table ronde : jusqu’à 5 participants dont 1 modérateur, durée 1h30 maximum
- Atelier pédagogique : jusqu’à 3 participants, durée 45 minutes maximum
N.B. : Chaque intervention est suivie d’un échange de 10 minutes avec le public.
Dépôt et sélection des propositions
Les candidatures peuvent être réalisées jusqu’au 21 novembre 2021 inclus (avant minuit) via le formulaire dédié.
Les propositions doivent s’inscrire dans un ou plusieurs des axes déterminés par l’appel à communication. Un lien n’est pas attendu entre le thème du FHA et le pays invité (le Portugal), ce dernier ne faisant pas l’objet d’un appel à communication.
Les propositions de communication doivent impérativement être rédigées en français et se présenter sous la forme suivante :
- Titre du projet (80 signes maximum, espaces compris)
- Un résumé (600 signes maximum, espaces compris)
- Une présentation plus longue (3500 signes maximum, espaces compris)
- Un CV
N.B. : Dans le cas des dialogues et des tables rondes, le porteur du projet doit être clairement désigné dans la proposition d’intervention.
L’examen des propositions sera réalisé par l’équipe du Festival de l’histoire de l’art à l’INHA, dirigée par Veerle Thielemans, qui rendra ses décisions d’ici le 17 décembre. Les propositions incomplètes ne seront pas examinées.
Les propositions retenues seront présentées au comité scientifique du Festival de l’histoire de l’art, présidé par Laurence Bertrand Dorléac.